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Montégut, Maurice – Le Mur, roman, préface de M.-Cl. Schapira

Montégut, Maurice – Le Mur, roman, préface de M.-Cl. Schapira, coll. « Idéographies ». 301 p. ill. 33,54 euros

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Paru en feuilleton vingt ans après la Commune dans Le Gil Blas, Le Mur de Maurice Montégut est publié en volume dans les mois qui suivent, en 1892. Montégut est un prolixe producteur de romans populaires et de nouvelles, épigone du naturalisme finissant et collaborateur régulier du Gil Blas, journal accueillant à sa prose qui conjugue heureusement force dramatique et capacité d’analyse dans des études de mœurs que son époque pouvait juger hardies. L’auteur s’explique, dans la « Note » d’introduction au feuilleton, du choix d’un sujet aussi grave que la Commune. Il se désigne d’abord comme témoin oculaire : il habitait, à quinze ans, l’Ile Saint-Louis, où se situe l’essentiel de l’action. Il ne recherche cependant pas l’exactitude d’une reconstitution historique. Attaché à rendre une « atmosphère spéciale affolante », il prétend que « ce roman n’est qu’un roman, une fiction dramatique dans un cadre d’histoire nécessaire, pas autre chose ». C’est ce beau déni qui fait en partie l’intérêt du texte et explique les lectures contradictoires qui ont pu en être faites. Le mépris et l’horreur de l’auteur pour la populace communarde sont patents. Cependant Le Socialiste du 11 mai 1912 place le récit parmi les onze romans dignes de figurer dans les bibliothèques ouvrières. C’est bien l’ambivalence de l’auteur qui se lit dans les ambiguïtés de la réception. Il a tenté de la résoudre en lisant attentivement des témoignages avérés et antagonistes, dont on trouve dans son texte des citations clandestines, mais irréfutables. Il n’en reste pas moins que, si Le Mur est revendiqué comme roman de mœurs, c’est aussi à défaut de savoir quel sens donner à l’Histoire. Il faut en revenir au titre. Le Mur n’est pas l’annonce auctoriale d’un roman militant qui célébrerait le sang versé du peuple, mais la métonymie d’une répression si aveugle et si obscène qu’elle n’a pu que déconsidérer ses protagonistes et servir, sinon achever, la réhabilitation d’un mouvement populaire jugé à son origine profondément irréfléchi et barbare.