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Charlotte Jarry a souvent été considérée de manière condescendante par la critique. C’est pourtant grâce à elle qu’a été publié en 1943 La Dragonne, le dernier roman de Jarry, de manière posthume. Dans les quelques années qui suivent la mort de Jarry, elle entretient une correspondance soutenue avec Rachilde et Vallette, qui avait été nommé exécuteur testamentaire de Jarry. Cette correspondance, qui avait été perdue depuis les années 1960 et n’avait jamais été publiée (à l’exception de bribes dans les Cahiers du collège de pataphysique), a été récemment retrouvée à la Bibliothèque littéraire Jacques Doucet. Elle apporte de nombreuses informations nouvelles sur les derniers jours de Jarry, sur sa succession, sur la mise en scène de Pantagruel, opéra-comique qu’il a écrit avec Claude Terrasse, et sur la préparation de l’édition de La Dragonne. Charlotte Jarry est en prise avec les éditeurs de son frère (Fasquelle, le Mercure de France), avec ses fournisseurs (Jarry a laissé de nombreuses dettes), avec ses collaborateurs (Demolder, Terrasse, Saltas). Prête à tout pour défendre la gloire posthume de son frère, elle décide de terminer elle-même le manuscrit incomplet de La Dragonne, tâche que Jarry avait confiée en vain à Rachilde. Elle décrit à Rachilde son travail de reprise du texte, entrecoupé de détails sur son existence en Bretagne – détails qu’elle incorpore au fur et à mesure dans le roman lui-même. On assiste en définitive, dans cette correspondance, à la naissance d’une timide vocation d’écrivain, contrecarrée par la marginalisation croissante de Charlotte Jarry, ruinée par les dettes d’Alfred et oubliée peu à peu par le couple d’éditeurs parisiens. Les dernières lettres, où elle insère des poèmes en mémoire de son frère et des Vallette, écrites en pleine guerre, sont particulièrement poignantes.
En co-édition avec la SAAJ
144 pages illustrées